1. Nouveau Départ

Je découvrais ma chambre du bâtiment junior : agréable mais recouverte d’un papier peint assez laid. Je rangeais mes affaires et je commençais à me détendre quand le téléphone sonna :
« -Hugo, c’est Meryl, je t’attends devant le bureau de la directrice, demande ton chemin aux autres agents. Je veux que tu y sois dans 10 minutes : dépêche-toi ! ».
Je me demandais ce que me voulait la directrice … Pour le savoir, il fallait la rencontrer. J’aperçut sur le lit un t-shirt rouge avec l’emblème du campus : un bébé ailé armé d’un arc. Ce t-shirt était accompagné d’un bermuda noir et de rangers légèrement trop grande pour moi. Le temps que je me change, les dix minutes étaient légèrement passées et je commençais à m’inquiéter de mon sort : premier rendez-vous avez la directrice, déjà en retard ! Il fallait que je fasse attention …
Arrivé devant le bureau, Meryl m’attendait avec impatience : j’étais en retard d’une bonne dizaine de minutes :
« - C’est comme ça que tu comptes faire chaque fois que la directrice te demandera dans son bureau ? Et ben mon vieux, t’es pas sorti de l’auberge ! lâcha-t-elle.
- Excusez-moi, j’ai eu du mal à me repérer, m’expliquai-je.
- Oui et bien j’espère que la prochaine fois tu sauras retrouver ton chemin, ce n’est pas si compliqué, me reprocha Meryl. Bon ce n’est pas tout, mais elle t’attend. Un conseil : ne joue pas les gros durs, il ne vaut mieux pas se faire remarquer tout de suite !
-C’est noté, affirmai-je . »
Quand j’ouvris la porte, j’aperçus un bureau bien rangé, où figurait le nom de la directrice : Zara ASKER. Elle m’avait attendue et apparemment, elle n’était pas ravie de mon retard … Je m’assis devant le bureau et Zara commença son discours :
« Première convocation, premier retard, tu commences fort, mon chère Hugo … Mais bon bref, je ne t’ai pas demandé de venir pour te faire la morale. Non, je t’ai fait venir pour t’informer d’une chose importante : chaque agent, à partir de dix ans, passe un programme d’entraînement initial. Le principe ? T’endurcir pour les missions que tu vas effectuer lors de ta carrière d’agent. Le problème, c’est que tu fêtes tes dix ans dans 2 semaines et qu’en lisant ton dossier, j’ai appris que tu avais une peur bleue de la boue. Etrange, mais il va falloir que tu te débarrasse de cette peur car pendant le programme d’entraînement initial, tu seras confronté à de la boue, beaucoup de boue. Donc, pendant deux semaines, deux agents s’occuperont de ton cas pour te débarrasser de cette peur. Tu as rendez-vous demain matin avec eux à 6heures sur le camp d’entraînement. Ah, j’allais oublier, voici ton emploi du temps, suis-le à la lettre et tout ira bien. A la sortie du bureau, Meryl te remettra un plan et un cahier de texte. Dans ton armoire t’attend un carton rempli de fournitures scolaires. Bon, je crois que c’est tout ce que j’avais à te dire. Tu as compris toutes les informations ? me demanda-t-elle.
-Chef, oui chef, répondit-je avec humour
-Nous ne sommes pas à l’armée, voyons, rigola-t-elle. En cas de doutes, tu as mon numéro affiché au dessus de ton téléphone. En tout cas, je te souhaite une bonne journée et à bientôt, dit-elle en me serrant la main. »
Je sortis du bureau confiant, plein de bonne volonté et prêt à affronter ma peur de la boue avec ces deux agents.





2. De la boue jusqu’aux os.

Le réveil sonna à cinq heures. Je me levai aussitôt : j’avais hâte de rencontrer de nouvelles personnes. J’étais quand même un peu nerveux à l’idée d’affronter ce qui me terrifie depuis ma plus jeune enfance. Je pris une douche chaude, m’habilla et descendit au réfectoire où je pris un croissant, un pain au chocolat, une compote et un chocolat chaud. L’endroit était désert. Après avoir terminé mon petit déjeuner, je me dirigeai vers le camp d’entraînement où m’attendaient deux agents :
« - Bonjour, tu dois être Hugo PHILCLOWER, n’est-ce pas ? m’interrogea l’un deux. Je m’appelle James et voici mon compagnon, Kyle. Nous sommes là pour t’aider à vaincre ta peur de la boue. Pour commencer, tu vas te rouler dans cette flaque, me dit-il en me montrant une énorme flaque de boue. »
A peine avais-je eu le temps de comprendre ce qui m’arrivait que j’avais déjà de la boue jusqu’aux chevilles. Alors à ce moment-là, je commençais sérieusement à paniquer :
« -Non, je ne peux pas ! C’est trop horrible ! dit-je en m’agitant
- Je ne pense pas que tu ais le choix, me rétorqua Kyle. Tu plonges, ou on te pousse.
- N…Non, je peux pas, gémit-je, je suis désolé, c’est impossible.
- Bon, qu’est-ce qu’on fait ? demanda Kyle à James.
- Bah, on a pas le choix, on est obligés … répondit James avec un air complice et un petit sourire en coin.»
Et à ce moment-là, j’ai senti que j’étais projeté en avant : ils m’avaient poussé. J’étais couvert de boue. J’essayais de me relever : en vain, ils me bloquaient avec leurs mains. J’étais au bord du désespoir et je commençai à pleurer. Pris de panique, je commençai à leur donner des coups de pieds aux tibias : ils lâchèrent prise et je pus m’extirper. Je commençai à courir quand Kyle me rattrapa :
« -Hop hop hop, où est-ce que tu contais aller, toi ?
- Nulle part, pourquoi ? mentis-je
- C’est bon il peut y aller, de toute façon, on le revoit demain, lâcha James, et puis nous aussi il faudrait qu’on y aille, il est presque huit heures et il faut qu’on prenne une douche, on peut pas aller en cours comme ça !
- Bon d’accord. Alors à demain, me dit Kyle.
- A…A demain, dit-je ne bégayant.
Je me relevai et me dirigeai vers le bâtiment junior en me disant que si je ne mettais pas un peu de bonne volonté, je n’y arriverai jamais ! J’étais désormais décidé à faire face à cette peur idiote qui me pourrissait la vie depuis assez longtemps comme ça. Bien sûr, ma première séance avec ces agents avait été désastreuse, mais ce n’était pas une raison pour baisser les bras. Pas maintenant !